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Les personnages d’exceptions :

Cette rubrique présente un certains nombre de personnages dont la réputation a fait le tour d’Alvanttid, après une courte descriptions, suit un petit texte narrant une tranche de leur vie.

Alphane le Beau, maître de l’ordre du sang royal :

Fils unique d’Ollane, il prend la succession du trône à sa mort.

Ollane qui avait bien compris l’importance de l’art magique durant les nombreuses batailles qui jalonnèrent son règne, fit d’abord donner à son fils un enseignement par les mages érudits de l’alliance.

Bien entendu, Alphane reçut de conserve un enseignement militaire digne de ce nom.

A cette époque la cour faisait son éloge. Ce n’est qu’une fois qu’il eut pris possession du trône, que son attitude changea et qu’il se débaucha, ne se refusant aucun plaisir, et reléguant ses anciennes activités.

Son rang et son physique agréable, lui permirent de séduire tour à tour toutes les dames de la cour, provoquant la forte colère des maris jaloux. D’aucuns estiment qu’il s’est ainsi fait beaucoup d’ennemis qui complotent derrière son dos.

Nombreux semblent être ceux qui regrettent son père, ne voyant en lui qu’un fantoche gâté par le sort.

Mais faut-il se fier aux apparences ? Fantoche ou enfant prodigue ?

Alphane a naturellement hérité de tous les objets enchantés que détenait son père.

 

Où l’intimité d’Alphane nous est dévoilée…

…. elle détourna son regard, prenant une mine affectée.

Un léger sourire lui creusa la pommette, il aimait la contempler lorsqu’elle prenait ses grands airs, vêtue du plus simple appareil, accoudée au baldaquin du lit qui avait vu se dissiper une de ces nombreuses nuits torrides qu’il appréciait tant !

Quel malheur qu’il doive bientôt se défaire de sa beauté élégiaque… mais il devait se soumettre à cette résolution, même lui le fils d’Ollane, Roi parmi les rois… c’eut été de mauvais esprits de pousser trop loin le bouchon : après avoir fleurté et mis enceinte la fille du commandeur des bataillons marins, voilà qu’il couchait depuis peu avec sa femme, il fallait mettre un frein à cette spirale, avant qu’elle ne devienne grosse à son tour.

Elle s’étira voluptueusement, dodelinant de la tête à son intention, ses yeux grands ouverts l’enveloppant une nouvelle fois de son regard profond, d’où il lui semblait souvent distinguer une pointe de mélancolie.

_ Viens me voir, lui souffla-t-elle en s’allongeant sur les draps de satins, tout en laissant glisser ses jambes sculpturales.

La vue de ce corps magnifique ainsi offert, fit rejaillir en lui le flot tumultueux du désir avec la force d’une source nouvelle contre laquelle, il le savait, il ne servait à rien de lutter.

_ Doucement mon fougueux… je veux sentir tes caresses sur mon corps, à l’image du doux parfum qui consume nos esprits d’amour.

Elle se débattait amoureusement dans son étreinte, il sentait sa chair brûlante et frémissante, dont tomberaient bientôt les remparts, tout contre son bas ventre. Son désir afflua encore plus fort.

Et dire qu’après, il allait s’en aller et ne plus jamais la revoir, comme toutes les autres avant elle, et que passé l’instant de fatigue mélancolique, il respirerait à nouveau le cœur léger, et se remettrait à humer l’air comme un nouveau né, cherchant à capter le parfum d’une prochaine ouverture sur l’accomplissement de son désir irrépressible…. Il se mit à rire en son for intérieur.

 

 

Silvine la Walkyrie :

Cette femme exceptionnelle appartient à l’ordre du sang royale. Elle est connue pour ses hauts faits d’armes contre les orcs et les Princes Félons.

La fierté farouche qui l’anime est devenue son blason, ainsi que peut en témoigner la célèbre déconfiture que subirent trois chevaliers dragons qu’elle battit tour à tour en duel afin de leur inculquer les bonnes manières.

C’est une aventurière dans l’âme et mieux vaut la compter parmi ses amis. En combat, ses deux épées jumelles et enchantées font merveilles, ajoutant encore à sa dextérité.

 

Le temps d’une estocade…

…. la volée de flèches venait de passer in extremis au-dessus de sa tête. Il fallait agir vite ! Elle se saisit des rennes de sa monture et la fit avancer violemment à découvert, courant à ses côtés. Une nouvelles volée siffla et un bruit d’impact métallique la prévenue qu’ils n’avaient pas hésiter à tirer sur l’étalon. Elle sauta sur la selle empêchant son cheval de se cabrer, et lui fit immédiatement accélérer l’allure par un talonnement bien placés dont elle seule avait le secret. Il répondit au quart de tour, ce qui la rassura sur une éventuelle blessure : les flèches n’avaient pas du percer l’épaisse cotte de maille qui l’harnachait.

Sortant son propre arc de l’étui accroché sur le flanc de sa monture, elle chercha à distinguer un scintillement dans le bosquet qu’elle se préparait à prendre à revers.

Mais ne voyant rien et alors qu’elle s’apprêtait à recevoir de nouveaux projectiles, c’est un grognement rageur qui la fit sursauter, lorsqu’un lupus caché dans les hautes herbes, bondit sur elle.

Elle n’eut que le temps de tirer à gauche sur le mord de sa monture pour la faire violemment se cabrer en direction de l’attaque : opposant aux terribles mâchoires un rude poitrail protégé de métal. Sous le choc inattendu le lupus alla rouler par terre.

L’instant d’après, elle était au sol brandissant ses deux fidèles lames hors de leurs fourreaux, face au lupus qui s’était redressé. Il hésitait, se contentant pour l’instant de grogner. Elle s’avança calme et déterminée. Il fallait en finir rapidement… Mais le lupus au lieu de se jeter sur elle, recula en montrant les crocs. Etonnée de cette attitude, elle jeta un regard de côté, rapide comme l’éclair, au même instant que son cheval hennissait de terreur : un autre lupus bondissait sur elle sans prévenir !

Ses réflexes prirent le relais : ses jambes fléchirent et son corps chuta lestement sur sa gauche dans les hautes herbes, tandis que ses bras se tendirent brandissant les deux épées, dont une pénétra la fourrure qui passait juste au dessus… Suivit un couinement.

Mais à présent, allongée à terre sur le dos, elle offrait sa gorge au premier lupus qui se rua sur elle tout crocs dehors : un crissement métallique retentit lorsque ses deux épées croisèrent leurs fer en un ciseau meurtrier, sectionnant net la gorge de l’égorgeur qui s’affala dans une terrible convulsion.

D’une forte traction sur ses bras elle se rétablie sur ses jambes. L’autre lupus blessé se tenait à l’écart de sa monture qui l’avait chassé. Elle reprit son arc dans les longues herbes….

 

 

Helfork le champion :

Helfork est un troll solitaire. C’est une légende chez les meutes qui lui prêtent moult défis remportés. Des bruits courent dans les steppes sur son affrontement avec un dragon vert, et de vieux orcs racontent qu’un prince dragon entré sur son territoire avec deux de ses chevaliers y aurait perdu la tête.

Une chose est sure : son nom inspire crainte et déférence chez l’ensemble du peuple orc.

Halger, sa hache à double tranchant est une arme vorpale.

 

Quant sonne l’heure de l’ombre…

…. le vent violent chargé de pluie risquait à tout instant d’éteindre nos torches, trois jours que nous le poursuivions dans cette contrée glaciale, mais les choses semblaient n’avoir fait qu’empirer durant ses dernières heures de traque et j’avais de plus en plus le sentiment qu’au lieu de fuir à perdre haleine, il cherchait à nous entraîner délibérément sur son terrain. Les grandes voies bordées d’accueillante verdure s’étaient transformées en de petits chemins sinueux et serpentant sur le flanc de la montagne où les arbres feuillus avaient fait place aux résineux.

La nuit blême, m’inspirait de moins en moins confiance, j’étais sur le point de renoncer à cette périlleuse chasse, lorsqu’un cri déchira les ténèbres.

Maelborn était tombé de cheval, du moins c’est ce que je crus avant que sa monture ne s’affale de même, laissant entendre un horrifiant hennissement.

Je hurlais dans mon heaume, et sortant précipitamment mon épée longue de son fourreau, m’avançais prestement, mais prudemment vers mon compagnon d’arme effondré à terre. Son cheval était raide mort, la gorge tranchée sur une terrifiante profondeur, quant à Maelborn, il gisait au sol, son sang se mélangeant à l’eau de pluie : son armure s’était fait entailler sur le côté au niveau de la ceinture, sa hanche devait être entamée, car il me semblait qu’il lui était impossible de se relever.

Alcastre, qui m’avait suivi, mit pied à terre et essaya de le soulever pour le remettre debout. Il échangèrent quelques mots dont je ne saisis pas le sens tant le vent mugissait à mes oreilles. Nerveux, je faisais piétiner mon destrier, parce que même si j’espérais le contraire, je sentais qu’il n’allait pas en rester là. Ce n’était plus une semonce. Nous nous étions imprudemment aventurés trop près de son antre.

A cette pensée, un sinistre craquement retentit dans toute la forêt. Alcastre s’arc-boutait pour faire monter Maelborn sur sa monture, autour rien que la foret menaçante et pourtant toujours le craquement : puis je compris, il me faut faire quelque chose, il faut… Impuissance.

L’immense pin s’affaissa de toute sa ramure, nous engloutissant, cabrant mon cheval qui hennit de toutes ses forces en me projetant brutalement en arrière...

En me redressant, j’apercevais les dépouilles de nos destriers : tâches sombres qui gisaient sous des branches brisées, mais je ne voyais plus mes compagnons d’armes, ils avaient entièrement disparu dans l’enchevêtrement. Ma chute avait été salvatrice, m’épargnant les branches meurtrières, et je serrais à nouveau mon épée, que je venais d’aller chercher, et qui s’était échouée à quelques mètres de moi. Un objet vînt heurter mes pieds faisant un bruit mat. Un casque ? ! Avec, sectionnée à l’intérieure, la tête d’Alcastre. Le hurlement m’emplit la gorge, mais resta bloqué. Plus de monture, mes compagnons en charpie…

Sa silhouette se détacha sur le chemin, et son impressionnante stature s’avança vers moi sa hache à double tranchants luisant par endroits, malgré le profond feuillage. Celle-là même qui venait de régler le sort d’Alcastre.

Il venait fièrement me braver à découvert, se serait son erreur… nous verrons bien qui d’un prince dragon où d’un vulgaire troll vendrai le plus chèrement sa peau en combat singulier.

Je m’avançais….

 

 

Silgâne le pourpre :

Silgâne fut, et reste, le tout premier sorcier, il a connu Ollane et c’est lui qui a divisé l’ancienne école de magie. Il appartient maintenant à l’ordre des Princes Félons.

Il a pour habitude de se déplacer entouré de deux puissants Lupus, et bien naturellement, il porte toujours divers artefacts magiques.

Il a grandement participé au blocage de l’armée d’Ollane aux portes d’Antarès, on présume aussi que le pacte d’alliance avec les Meutes est en grand partie son œuvre.

Sa puissance est partout reconnue comme terrifiante et encore aujourd’hui, il n’hésite nullement à en faire la démonstration. Ainsi, son surnom lui vient du fait qu’il ne perd pas une occasion de répandre le sang à ses pieds.

Où le feu sert de mornes intérêts…

…. son air morne et le regard mauvais qu’il portait maintenant à Zarbar, le bedonnant parfumeur herboriste, ne présageait rien de bon pour celui-ci.

_ Ainsi tu ne m’apportes pas les gémisphers que je t’avais demandés, sous prétexte d’une mésentente avec des elfes, à cause de malheureux produits de confection de parfums dont ils ne voulaient pas baisser les prix…

_ C’est bien cela votre gloire, je ne pouvais me permettre, pour le bon fonctionnement de mon commerce, d’accepter les prix intolérables qu’ils me proposaient pour, somme toute, quelques racines de genhac et d’ofissirf, qu’après avoir bien réfléchi, je pouvais assez facilement intervertir…

_ Tais toi ! ! Ces tiges sont indispensables à mon art, et tu oses ergoter à propos d’un marchandage que tu as avorté pour quelques malheureuses gouttes d’argents!

_ Mais, mais… je ne savais pas, croyez moi que si j’avais su qu’elles étaient indispensables, cela se serait passé autrement… Je. .. me serais débrouillé, bredouilla-t-il soudain conscient du guêpier dans lequel il s’était embarqué.

Silgâne se leva avec emphase, toisant du regard la petite assemblée dont l’attention semblait maintenant rivée au moindre de ses gestes.

_ N’est-ce pas ton jeune fils et ta fille que j’entrevois là-bas, cachés derrière tes serviteurs, en as tu honte !? 

_ Non, mon seigneur, je n’ai pas à m’en plaindre, mais ils…

_ Fais les approcher, qu’ils viennent à ma lumière.

Faisant un signe de tête une grande jeune femme les yeux sombres et les cheveux bruns, bien tirés en arrières, ainsi qu’un jeune homme athlétique et habillé de belle manière, s’avancèrent hésitant.

_ Je vois que tu portes un glaive mon fils, mais sais tu t’en servir !? Où es tu comme tous ces jeunes freluquets de fils de riches et obèses marchands qui paradent sur les places à la mode, arborant quelques armes finement travaillées comme une femme présente ses breloques ?

_ Ce soir ton père va m’offrir les charmes forts excitant de ta sœur, pour rattraper la faute impardonnable qu’il à commise à mon encontre. Et vois-tu, je compte m’en délecter plus qu’elle ne pourra en supporter, rajouta-t-il défiant par son attitude nonchalante encore plus le jeune homme dont il sentait bouillir les sangs.

_ Tu aimes ta sœur n’est-ce pas ? Je sens que cela te déplaît que je puisse la toucher ? Mais tu ne bouges pas… il y a pourtant une alternative… très simple… il suffit de m’éliminer. Maintenant ! Avec ton glaive ! et on n’en parle plus.

A ces derniers mots, le jeune homme tira violemment le glaive de sa ceinture, et se précipita vers la volée de marches qui le séparait de Silgâne, n’entendant pas sa sœur lui hurler de ne pas le faire.

Le sorcier, un terrible sourire d’excitation lui fendant le visage, fit un rapide geste de la main gauche demandant aux archers de ne pas intervenir, puis pointa d’un coup sa main droite sur le visage de son agresseur qui arrivait à son niveau. L’instant d’après un jet de flammes terrifiant jaillit de sa main en plein visage du pauvre fils de Zarbar, qui s’effondra en arrière dans un hurlement étouffé par le souffle meurtrier de la flamme. Il roula le long des marches tel une torche vacillante, et ce n’est qu’en bas de celles-ci que les hommes de Zarbar et sa fille en larmes se précipitèrent tremblant pour éteindre les flammèches qui le parcouraient encore.

Silgâne s’était assis sur son trône, les yeux brillant et l’air pleinement satisfait, pendant que la troupe de gueux entraînait le corps convulsé du fils de Zarbar au dehors. Il adorait se repaître de la fébrilité des misérables, elle lui emplissait le palais d’un goût extraordinaire, avec lequel aucune saveur d’aucun met, si finement préparé fut-il, ne pouvait rivaliser.

Son regard, ainsi que ses pensées revinrent à Zarbar, il se tenait toujours en bas des marches l’air ahuri et tremblant.

_ Zarbar mon ami, tu n’oublieras pas de faire amener ta fille à mes appartements au couché des soleils…

 

 

Tillen le narquois :

Tillen est un Elfe de grande renommée de par son habileté à l’arc. Il était l’élève d’Illian avant que celui-ci ne disparaisse. On le surnomme "le narquois" en raison des espiègleries qu’il faisait avec son arc et ses flèches durant sa jeunesse. C’est un aventurier casse-cou et loquace qui s’est fait connaître en parcourant le monde. Son arc long est enchanté et se nomme Wings.

 

Mieux vaut-il parfois se méfier…

…. Sofline, c’était son prénom, arriva à la nage à côté de la cascade miroitante et se dirigea vers le bord de la mare où se trouvait ses vêtements. Elle sortit de l’eau avec la grâce et la finesse d’une jeune elfe, faisant miroiter sa chevelure rousse au soleil, avant de l’agiter à grands coups de tête, d’avant en arrière, pour se débarrasser des vilaines gouttes qui s’en échappaient et qui venaient lui ruisseler le long du dos. Enfin elle s’étira, les bras levés vers le ciel, ses petits seins fermes pointant en direction d’Illane qui s’était pétrifié les yeux exorbités.

_ Tu vois, je t’avais dit qu’il y aurait du spectacle, conclut fièrement Tillen.

_ Par la Silfe reproductrice ! J’aurais pas cru qu’elle soit si voultement mise !

_ Attends, le plus drôle reste à venir, va te caméléoner là-bas près du gros arbre, et tu vas voir elle va arriver, ajouta-t-il en sondant Illane de ses yeux malins.

_ Comme ça ?

_ Dépêche toi, tu vas tout manquer !

Illane détala comme un chat, se cachant le long du talus, pour atteindre l’arbre. Arrivé à son abord, il se fit une petite place écartant les herbes et les ronces afin de dégager son champ de vision. Elle venait de reprendre sa robe légère dans laquelle elle allait se draper. Tillen l’avait entortillé, il n’allait rien se passer, sinon qu’il allait se moquer parce que lui aurait raté tout le spectacle à courir comme ça, pensa-t-il rageusement.

Mais une flèche vint l’interrompre dans ses maugréments

Une flèche venait de siffler et d’arracher la robe des mains de Sofline, pour aller se planter dans le tronc à côté d’Illane. Sofline se mit à courir vers l’arbre, tout en vociférant à l’attention du misérable tireur.

Illane n’en croyait pas ses yeux, elle arrivait à moins d’un mètre de lui. Mais il n’avait rien à craindre et pouvait la contempler à son aise parce qu’en ce moment elle s’acharnait à essayer de retirer la flèche fichée profondément dans l’écorce épaisse. Au bout de quelques instants d’efforts inutiles elle prit appui sur le tronc avec sa jambe gauche afin de tirer de tout son poids. Illane hypnotisé, suivait des yeux le chemin que parcouraient les premières gouttes de sueur le long du corps svelte qui s’agitait à portée de main. Lorsque soudain, une créature l’enserra brutalement à la jambe. Il cria en sursautant, se levant d’un bond, pour s’apercevoir l’instant d’après que la bête féroce ressemblait fort à un Tillen pouffant de rire. Et c’est alors qu’il se rendit compte qu’il venait bien de se faire piéger. Il se retourna prudemment, mais la gifle arriva trop vite…. Plus tard Tillen lui dira que le jeu en valait la chandelle et que malgré cette sacrée gifle, il aurait bien pris sa place, cela suffit à les raccommoder…

 

 

Elborn

Elborn est un puissant druide qui s’est battu aux côtés d’Ollane contre les Meutes, lorsque celles-ci tentaient d’assiéger Elvendar. C’est un ermite aux sages enseignements. Ollane venait de temps en temps lui demander conseil lors d’affaires délicates qu’il devait mener à bien.

Rêves d’un vieux solitaire…

…. Il devait passer par les fontaines de Jacubas, malgré la proximité des cablars dans ce lieu reculé, loin des sentiers qu’empruntent habituellement les siens. Mais s’il devait faire un détour, il mettrait une éternité à rejoindre les goulets qui permettent de parvenir dans les grottes à ciel ouvert des sources chaudes des collines d’Olfane. Le seul endroit où pousse les plantes néférales, si importantes à la concoction de ce petit alcool dont la recette lui avait été rapportée par un voyageur solitaire provenant des terres peu connues du grand Est.

A cette évocation le délicieux goût fruité et mielleux nuancé d’une pointe de cannelle, lui sembla faire frétiller ses papilles. Cela le rendit à ses pensées : en plus d’être un endroit où poussent de nombreuses variétés de plantes (notamment aquatiques) introuvables ailleurs, il abrite aussi une race pacifique de Silfes hermaphrodites à la beauté aphrodisiaque qu’il convient d’honorer en apportant à l’une d’entre elles (sa préférée) un présent de son choix faisant honneur à la magnificence de son corps dont les muscles et les fermes rondeurs, n’entachent pas une finesse peu commune. Il les imaginait, silhouettes élancées se prélassant à côté des cuves naturelles d’eaux chaudes et bouillonnantes, en train de peigner leurs longs cheveux d’ocre, plongées dans la lumière doucereuse d’une végétation luxuriante. Les grandes feuilles parasol s’élevant vers les trouées lumineuses du plafond des collines, accompagnées dans cette vertigineuse ascension par les grandes tiges d’héboéa. Et à leurs pieds recouvrant leurs racines, une kyrielle d’agréables mousses de terre, ça et là brunies par des anneaux de petits champignons spongieux au milieu desquels pousse généralement une néférale. A cette instant, un craquement sinistre le fit sursauter, et manquer s’étaler de tout son long contre les racines noueuses d’un grand ubulu. Il se rattrapa de justesse au tronc à l’écorce rugueuse.

Les cablars le rendait nerveux, mais d’où pouvait bien provenir le craquement qui venait de reprendre en s’amplifiant, se demanda-t-il scrutant les massifs d’arbustes, et s’apprêtant à voir surgir devant lui un cablar massif et rugissant. Le craquement s’accentua encore, faisant augmenter d’autant la vitesse respiratoire d’Elborn, jusqu’à ce qu’arrive un bruit sourd et étouffé, suivi de près par un grognement de mécontentement, qui déclencha les forts éclats de rire nerveux d’Elborn.

Ainsi ce n’était pas un cablar, mais plutôt un Vangpou, qui s’était entêté à vouloir traverser d’une cime à l’autre sur une branche trop fragile, sûrement afin d’atteindre d’alléchantes jeunes pousses d’herbosa. Et après son essai manqué, ses grognements d’écœurement résonnaient dans toute la forêt (il ne devait pas s’être fait mal grâce à son indestructible carapace, mais il mettrait plusieurs heures à grimper à nouveau sur la cime d’un arbre géant)….

 

 

Unark le Bougon :

C’est étrangement l’émissaire de prédilection d’Orée: le premier prince dragon. Unark est un nain très ancien, connu pour avoir très sale caractère. Maintes bagarres de tavernes ont été déclenchées par sa faute. Il faut avouer que les moqueries et les boutades au détriment des nains vont bon train entre les Elfes et les Humains. Unark est devenu, ou a toujours été extrêmement susceptible. Ainsi nombreux sont ceux qui ont compté leurs abattis, lors de soirées bien arrosées dans les bouges que comptent villes et villages.

Les nains racontent même qu’Unark aurait un soir rossé Tillen dans un tripot de la cité royale.

  • Une machine à l’emporte pièce…
  • .… C’était certainement la trente septième fois, sinon la trente huitième (il ne savait plus très bien) qu’il démontait le mécanisme, ne comprenant toujours pas pourquoi il n’arrivait pas à assouplir la friction de départ, parce que les premiers tours du pédalier demandaient un effort très intense, presque inaccessible à un nain en pleine possession de ses capacités physiques comme lui. Ca ne semblait pourtant pas venir des roues dentées, elles étaient parfaites, les petites entraînant de plus en plus vite les grandes, de plus en plus grandes, transformant l’énergie cinétique de départ, somme toute modique, en une énergie énorme ! Peut-être même un peut trop… la scie ayant tendance à s’emballer au bout de quelques minutes, produisant alors une vilaine vibration, faisant trembler toute la machine, au risque de la déstabiliser totalement. A ce sujet, il devrait certainement remplacer les derniers petits rouages par un ensemble de courroies tournant sur différents axes, qui une fois bien équilibrés, devraient pouvoir mieux répartir l’énergie de fin de cycle.

    Il se mit à l’œuvre immédiatement, assemblant les courroies avec des barres axiales crantées, en modifiant certaines d’entre elles à petits coups de meule bien placés. Ensuite, la pose, comprenant la parfaite répartition des courroies dans la mécanique complexe de l’engin, lui prit plus d’une demie journée. Puis la nouvelle conformation de certaines roues crantées des éléments de départ ajouta à cela encore quelques heures. Mais au beau milieu de la nuit tout était terminé.

    Il huma l’air frais à grandes goulées, dont le courant lui parvenait à travers les sombres tunnels, depuis qu’il avait ouvert la solide porte en chaîne de son atelier, sentant s’élargir sa cage thoracique à chaque longue inspiration qu’il s’octroyait avec bonheur.

    Allez ! Ce coup-ci c’était le bon, il le sentait, et puis il avait suffisamment transpiré, pour que ça marche. Il fit quelques rapides assouplissements, et s’empressa d’aller chercher un gros rondin de bois dans la remise qui jouxtait son atelier. Il plaça le rondin sur l’étai et s’assit aux commandes de sa machine. Après s’être une ultime fois encouragé et concentré, en prenant trois bonnes inspirations, il se mit à pédaler difficilement. Les tout premiers tours lui semblèrent s’être peut-être un peu assouplis, malgré les grosses gouttes de sueur qui commençaient déjà à perler sur l’arête de son front. Il essayait sans véritable succès de se convaincre, lorsque ses jambes se délièrent soudain, emportant joyeusement la machine dans un rythme soutenu, qui se transforma rapidement d’après le son de la scie en un rythme infernal. Unark exultait, après toutes ces heures passées le nez collé à des rouages, sa machine fonctionnait enfin à merveille ! Il battit des mains, pédalant de plus bel, le sourire tellement ancré sur son visage qu’il ressemblait à une baudruche foraine, lorsque tout à coup la scie décrocha net, le rondin étant divisé en deux parties distinctes. Une dangereuse vibration se répercuta alors sur la machine. Aussitôt Unark cessa de pédaler, mais cela n’empêcha nullement la scie de continuer son va et vient qui ne faisait, à présent, que brasser l’air en accentuant la vibration à l’encontre des fragiles rouages de la machine. Unark sauta alors de son siège, pour atterrir sur le côté, là où la plus grande des roues dentées émergeait de la carcasse. Secouée par les vibrations, elle semblait sur le point de se désolidariser du reste. Unark ne fit ni une ni deux et plaqua avec fermeté son sabot contre le parcours cranté qui filait devant ses yeux. Le crissement qui s’en suivit fut assez intolérable, mais moins d’une minute plus tard, la machine s’était apaisée.

    Unark sourit, effectivement il avait oublié un petit détail qui avait son importance, mais il serait facile d’y remédier pensa-t-il rêveusement le regard perdu sur ses sabots.

     

     

    Scorre :

    Scorre est une créature de légende. C’est un grand mâle Lupus qui dirigerait une meute de Lupus sauvage, n’ayant ni dieux ni maîtres. Tout aventurier craint un jour de tomber sur son chemin au détour d’un bosquet.

     

    Morsure de la vie…

    .…Ils se rapprochaient déjà, malgré la cadence infernale qu’il faisait soutenir à ses deux chevaux. Mais le chariot était trop lourd et le chemins caillouteux glissant. Si sa femme n’avait pas été grosse (elle portait un petit de 8 mois), ils auraient certainement pu fuir, chacun sur la croupe d’un destrier, en abandonnant leurs biens, quitte à revenir les chercher plus tard, parce que c’était tout ce qu’ils possédaient.

    Un grognement sourd le fit sortir de ses pensées ! Un énorme lupus remontait le chariot et serait à porté d’ici quelques instants et les autres suivaient de près. Il serra la hachette dans sa main gauche, tout en continuant de tenir fermement les rênes de la main droite. Peut-être qu’en abattant le premier, les autres allaient s’arrêter pour le dévorer. L’odeur du sang procurait en général un fort attrait chez les bêtes.

    Le lupus sauta brutalement sur lui. Il se protégea d’un coup de hache réflexe, comme déclenché par le hurlement de sa femme. Seulement, en pleine extension, le lupus se cabra sèchement, évitant de peu la lame meurtrière, et ses mâchoires se refermèrent sur le poignet dans un sinistre craquement. Arkmos fut ainsi violemment projeté hors du siège de cocher, et lorsqu’il toucha terre, il sentit plusieurs de ses côtes craquer sous le choc. En moitié abasourdi et respirant avec difficulté, il vit le chariot s’éloigner en bringuebalant dangereusement de droite à gauche. Les cris de sa femmes rythmaient cette vision…

    Le rendant soudain à la réalité, l’atroce douleur des chairs de sa cuisse déchirées par des crocs lui fît pousser un hurlement de terreur, sa dernière pensée alla à son enfant quant la mâchoire de Scorre lui ouvrit la gorge d’un claquement sec.

    Le chariot termina sa course un peu plus loin dans un trou caché par un bosquet que les chevaux emballés ne décelèrent pas. Sous le choc, la femme fut projetée sur le bas côté, mais elle atterrit par chance sur un buisson qui l’égratigna mais amortit sa chute.

    Elle entendait son cœur tambouriner contre sa poitrine, pourtant ce cœur lui paraissait loin, très loin… rythmé par des hennissements sauvages et continus... Quand soudain, un coup de pied, puis un autre… c’était son fils ! Depuis le son ventre, il lui disait de ne pas se laisser aller, il voulait vivre ! Ses yeux s’écarquillèrent et elle redressa la tête.

    C’est alors que la réalité lui revint sans pitié, avec l’image menaçante d’un lupus qui s’avançait. Scorre se tenait à moins d’un mètre de sa gorge offerte, et il la regardait ardemment de ses terribles pupilles jaunes. Il s’avança lentement vers elle qui tremblait de tous ses membres, ne cessant de répéter dans un long murmure sanglotant : mon bébé, mon bébé, mon bébé…

    Arrivé au niveau de sa gorge, il s’arrêta, la regardant toujours fixement, puis de quelques petits pas aériens, il la contourna pour atteindre le niveau de ses cuisses que la robe de lin ne cachait plus : chiffonnée quelle était contre la pente que formait la colline de son ventre. Scorre huma l’air juste au dessus du pubis de la femme, à plusieurs reprises, pendant de longues secondes. C’est cet instant qu’elle choisit pour se convulser et vomir sur le côté, manquant de s’étouffer tant les sanglots la secouait encore.

    La bouche emplie de l’amertume déposée par la bille, et à travers le filtre de ses larmes, elle vit le grand lupus s’éloigner et rejoindre ses congénères qui avaient déjà commencé la curée des chairs et des muscles des pauvres chevaux…

     

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